Chaque année, Scènes obliques invente ses projets artistiques avec la préoccupation de les mettre en partage le plus largement possible. C’est à partir de temps forts tels que le Festival de l’Arpenteur, Rendez-vous au Manoir ! ou encore grâce à des résidences de création sur le territoire que nous initions des temps d’échanges, de pratiques artistiques, de création partagée. Ces projets forgent, tout autant que l’organisation d’événements artistiques en altitude, le socle de l’engagement que Scènes obliques s’est donné en tant que générateur de liens et facilitateur de l’accès à la parole de l’artiste.
Scènes obliques décline ainsi chaque année de nombreux projets qui revisitent, chacun à leur manière, la présence d’artistes, au-delà des spectacles, avec la complicité de nombreux partenaires.
Si l’on s’attend spontanément à trouver la culture dans les lieux dédiés, on imagine peut-être moins facilement s’y confronter dans l’espace naturel montagnard. Pourtant la multiplicité des paysages dans lesquels elle peut s’immiscer conjuguée à la proximité qu’elle convoque avec le public en investissant la quotidienneté de nos lieux de vie fait aussi de la montagne un espace citoyen interculturel vivace. Très attachée à faire de la montagne un terrain vecteur de lien, Scènes obliques prend le pari d’en investir les interstices pour écrire et inventer de nouvelles manières d’être au monde, de faire commun, de vivre ensem ble. Ainsi les refuges de montagne, les écoles de village, les centres d’accueil ou encore les sentiers de randonnées se constituent comme des terrains d’expérimentation artistiques propices à l’imaginaire,à la rencontre et au pas de côté. En laissant toute sa place à l’artiste dans son rôle de défricheur comme de passeur, Scènes obliques s’attache ainsi à multiplier les présences à ce territoire d’altitude pour faire varier les chemins d’accès à la Culture et aller à la rencontre des gens qui l’habitent.
Cette année, Scènes obliques invite le collectif Regards des lieux à travers la présence de son fondateur, Jérémie Lamouroux, pour initier un travail à la croisée de l’écriture, du cinéma documentaire d’auteur et de la musique.
La mise en œuvre des événements artistiques est le socle de partenariats construits sur mesure sur la base de la rencontre ente l’œuvre, l’artiste et le public. Plus spécifiquement orientés vers les personnes à la marge des réseaux culturels, ces partenariats visent leur participation à des spectacles, des ateliers et des « bords de scène » pour faciliter leur accès à la culture. D’autre part, ces occasions sont aussi la possibilité d’une immersion active dans les coulisses de l’organisation des manifestations.
Les événements portés par Scènes obliques permettent d’entretenir des liens avec des structures qui ont été au cœur de projets artistiques développés au sein même de leur institution ou qui souhaite développer des projets communs avec les artistes que nous accompagnons. Ces expériences sont ainsi le socle d’une relation privilégiée qui nous permet chaque année d’envisager la venue de jeunes et de moins jeunes sur le festival et si possible dans un cadre sur mesure notamment avec la rencontre d’artistes en bord plateau. Parcours découverte sur les événements portés par Scènes obliques, mais aussi dans les salles culturelles de Belledonne et de la vallée du Grésivaudan.
Dans un souci d’ouverture vers les pratiques artistiques, le Festival de l’Arpenteur déploie chaque année un ensemble d’ateliers plutôt décalés, comme une invitation à susciter la curiosité et faciliter l’envie de participer.
Dans le cadre de sa 26ème édition, trois rendez-vous ont été au programme : un stage de création théâtrale autour du cosmos, sur trois jours, avec la Cie Les Non Alignés, une journée d’atelier d’écriture à dire, pour enfants et parents, avec Claire Rengade, et deux spectacles-ateliers autour d’une série de machines à écrire délirantes, avec les Machines de Sophie.
Les propositions pour la 27e édition de l’Arpenteur sont en cours d’élaboration.
Le festival occupe les locaux de l’école souvent quelques jours avant la sortie des classes. Cette situation est aussi l’occasion d’une rencontre entre les enseignants, l’équipe technique du festival et les artistes. Chaque année, le festival conçoit un rendez-vous
artistique destiné aux élèves de l’école.
Depuis plusieurs années, nous préparons une journée avec les centres de loisirs et différentes structures sociales pour proposer un temps de marche suivi d’un pique-nique et d’un spectacle. Cette proposition est bien souvent l’opportunité d’une première fois au festival pour un certain nombre de jeunes.
Pour la nouvelle édition du festival, un groupe d’adolescents du SESSAD viendra vivre le festival sur trois jours. Ce séjour sera l’occasion de découvrir l’envers du décor et d’être autant que possible acteur dans l’organisation même de l’événement. Cette initiative s’oriente vers la participation des jeunes à des tâches confiées en tant que bénévoles (cuisine, technique, billetterie), une découverte de la radio avec le studio in situ de Radio Grésivaudan et un parcours artistique composé d’un ou deux spectacles et de rencontres avec les auteurs et comédiens associés.
Comme chaque année, Scènes obliques fait appel aux habitant.e.s du massif de Belledonne pour loger les artistes que l’association invite, avec l’idée de créer des espaces de rencontre entre eux et les habitant.e.s du village. Cette pratique permet une réelle rencontre avec l’artiste, dans la mesure où il vit et partage son temps avec l’hébergeur qui est également invité à découvrir son travail sur scène. Sur la quarantaine d’hébergeurs réguliers que compte Scènes obliques sur l’année, une vingtaine mettent à disposition tout ou partie de leur logement le temps des résidences et événements publics portés par l’association.
Scènes obliques propose une restauration attentive à la qualité des produits servis et à la relation avec les producteurs locaux. Cette préoccupation a permis de tisser des liens forts avec les agriculteurs de Belledonne : ainsi, Scènes obliques les convie, lors du festival mais aussi lors des événements portés par l’association tout au long de l’année, pour échanger avec les spectateurs lors de repas confectionnés exclusivement avec leurs produits, et à assister à un spectacle en soirée.
Par l’entremise de présences artistiques au long cours, Scènes obliques tisse des liens avec les acteurs du territoire situés bien souvent hors du champ culturel. La démarche est motivée par la rencontre avec des habitant.e.s, notamment des jeunes et des personnes parfois éloignées de la culture. Elle tente ainsi d’ouvrir un espace d’échange plus intimiste et moins intimidant entre les artistes et le public en proposant des temps de créations et d’expériences partagées.
Chaque année, Scènes obliques s’associe à un artiste pour travailler au déploiement de l’activité artistique et culturelle au delà des barrières, avec un groupe de détenus, au sein Centre pénitentiaire d’Aiton. Dans un second temps, les détenus sont invités à s’immerger dans le Festival de l’Arpenteur pour découvrir les coulisses d’autres créations portées par les artistes en présence. En parallèle, le groupe est invité à intégrer l’équipe organisatrice pour participer à la vie et aux coulisses du festival.
Après avoir travaillé avec Simon Parcot en 2023, l’association travaillera cette année en complicité avec Jérémie Lamouroux et Pascal Thollet, du collectif Regards des lieux.
« Si l’objectif de la caméra est comme un oeil humain et que nous abordons les personnages du film comme si nous les observions de nos yeux, alors nous pouvons avoir le sentiment d’entrer en relation avec eux. Dans la vie, on n’entre pas en contact avec les gens en gros plan mais, au grand maximum, dans un cadre qui va de la tête aux épaules. » Ken Loach.
Artiste visuelle, Pauline de Chalendar pratique principalement le dessin dans de nombreuses mises en espace et temporalités. Ses travaux interrogent les relations humaines entre elles et vis à vis du monde vivant. Elle cherche à montrer ce lien perdu ou abimé et, parfois, le recréer à travers le dessin ou l’installation artistique en nature.
« Dans le cadre du partenariat avec l’IME de Theys, je souhaite interroger les enfants et adolescent.es en situation de handicap sur leurs émotions en lien avec les couleurs et les éléments de la nature, au moyen du dessin et de la gravure sur bois. »
Dans le sillon de leur processus de création, la Cie Démembrée proposera autour du Petit Prince une forme de présence plurielle au Collège Belledonne et à l’école de La Pierre et déployera une forme participative du spectacle. A travers la relecture du texte d’Antoine de Saint Exupéry sous le prisme de l’écologie et en appui sur les prismes poétiques et philosophiques propres à son écriture, le collectif éphémère – constitué par les artistes, les enseignants et les élèves – abordera cette œuvre familière sous l’angle de notre rapport au vivant.
Quand la fantaisie d’un compositeur idoine rencontre les musiques du Grésivaudan pour un chœur d’enfants.
Après une première rencontre autour de la création sonore, Greg Gilg invite les enfants de La Pierre à expérimenter le chant choral autour d’un répertoire de musique traditionnelle du Grésivaudan qu’ils vont revisiter pour créer un répertoire hybride et original. Avec la complicité d’un dumiste, il sensibilisera par ailleurs l’équipe éducative au travail du chœur et préfigurera le cadre artistique d’un projet de chorale au long cours que l’établissement souhaite lancer en 2022/23.
A l’image du processus de leur propre création,les Non Alignés proposeront une forme de présence hybride aux élèves de 5ème et 4ème pour explorer le texte de Jean Giono sous le prisme des sciences, de la littérature et de la musique, venir questionner leur rapport aux écologies et tirer les fils d’une mise en scène de leur recherche en autant d’entresorts poétiques et scientifiques. Les comédiens partageront avec eux des outils de lecture à voix haute, de création sonore (webradio), de scénographie et de mise en lumière pour co-construire la mise en scène du fruit de ce travail. Avec la complicité d’enseignants de français, technologie, physique et de la documentaliste, les élèves mèneront aussi une démarche en lien avec leur territoire.
S’inspirant du texte de Jean Giono « L’Homme qui plantait des arbres », Clémentine Pouvreau, enseignante de l’atelier théâtre, a écrit un texte original qu’elle souhaite confier à son groupe pour leur dernière année au collège. Ce travail théâtral s’accompagnera de la découverte de la vie de Giono lors d’un voyage thématique et des interventions des Non Alignés.
Ces derniers inviteront en fin de parcours les élèves de l’atelier théâtre à s’approprier ce manifeste poétique de la cause écologiste. Avec la complicité de l’enseignante, ils tireront les fils que brode l’auteur à travers ce texte pour témoigner d’un autre rapport possible à soi et au vivant, le traduire à partir de jeux d’écriture, de jeux au plateau et de scénographie, pour en faire ainsi un objet spectaculaire vivant.
Chacun, dans son environnement respectif, a pu rencontrer des difficultés avec le cadre scolaire. Il y a des élèves qui, se sentant parfois à la marge, ont bien souvent besoin d’un soutien pour retrouver un peu de confiance dans la place qu’ils peuvent prendre dans la société. Comme le collège de Villard-Bonnot sur la saison précédente, le lycée d’Allevard fait le pari du rôle que peut jouer l’art dans ces trajectoires en construction. Tomas Bozzato s’est donc mis à l’écoute de la parole, pleine d’humanité, de ces équipes pour concevoir un projet original avec l’objectif d’une création documentaire réalisée avec la complicité d’une vingtaine d’adolescents et la complicité du cinéma d’Allevard.