Arts vivants, littératures, paroles scientifiques, arts visuels, rencontres insolites sur les pentes du massif de Belledonne (Isère) : voilà pour la charpente du festival de l’Arpenteur. Les artistes invités, reconnus ou encore en devenir, jouent le jeu d’une aventure atypique, sensible, humaine, sur scène et dans le jus joyeux de nos lieux de vie ou d’évasion.
« Il n’y a qu’un seul âge, vivant. » Agnès Varda
Sous le ciel imprévisible de juillet, 30 ans d’arpentages, 30 ans de retrouvailles, 30 ans de chemins dessinés dans des montagnes nées il y a 30 millions d’années. Nos vies passent et trépassent l’espace d’un instant qui se découpe en secondes, en minutes, en années, en bougies d’anniversaire à chaque tour du soleil.
Si notre Arpenteur, qui est peut-être une Arpenteuse, n’est pas né de la dernière pluie ou de la dernière rosée, il a encore de la vie devant lui. Après avoir dépassé les bornes, exploré les fissures, les vertiges, cherché l’équilibre et le déséquilibre, convoqué l’espièglerie, les lointains et les archipels, traversé les turbulences, composé les mondes ou touché au vif, l’Arpenteur n’en a pas toujours pas fini avec les pas de côté… Il reprend son souffle, un regard ému vers la vallée, un regard élancé vers les sommets qui souvent se dérobent. Il apprend et désapprend dans un même mouvement. « À partir de l’incertitude avancer tout de même. Rien d’acquis, car tout acquis ne serait-il pas paralysie ? L’incertitude est le moteur, l’ombre est la source. » Avec les mots de Philippe Jaccottet pour tout bagage, continuons de marcher sous les arbres ou les nuages, faisons de chaque détour une joie, une expérience à partager, à interroger.
Cette année l’Arpenteur se souvient du goût de l’enfance, de ce qui nous est transmis, de celles et ceux qui nous initient à la montagne, à la vie, au monde… et à tout ce dont on s’émancipe, pas à pas. L’Arpenteur a 30 ans et regarde la vie passer. Il célèbre les âges de la vie qui tous révèlent des ressources, des pouvoirs, des manières de voir et recevoir. Comment sommes-nous reliés, du nouveau-né à la femme au dos vouté par les années ? À l’image, des cordées réversibles, où l’on marche en tête, à tour de rôle, nous allons faire de cette semaine d’arpentages une semaine pour se passer le relais, pour apprendre des un·es des autres, des anciens et de l’enfant qui est en nous, une semaine pour prendre regarder le temps qui nous dépasse, une semaine pour prendre soin du présent. Avec tendresse.
Laetitia Cuvelier, co-directrice
L’Arpenteur bénéficie du soutien de nos partenaires institutionnels et privés :