Depuis 2008, Scènes obliques propose avec CAIRNS des Rencontres internationales de proximité. Par le biais de courtes résidences, des artistes du monde, mais aussi parfois des intellectuels ou de grands témoins sont invités pour évoquer les spécificités de leurs espace de vie et de travail, en résonance avec le nôtre. Création, rencontres, parcours partagés du paysage constituent le cœur de ces CAIRNS, avec l’enjeu d’un regard tendu vers les singularités du monde autant que que vers celles, à redécouvrir à l’aune de ces apports sensibles venus d’ailleurs, de notre territoire de montagne.
Maroc, Italie, Russie, Tchétchénie, Iran, Canada, Ukraine, Arménie, République Tchèque, Espagne, Finlande, Portugal, Irlande, Italie.
Explorer : parcourir en cherchant à découvrir… Voilà une noble et pertinente devise pour cet automne oblique à venir !
Elle résonne avec force avec la trajectoire et la quête des artistes qui nous accompagneront. En résidence de création, mais aussi d’observation et de rencontre, l’auteur de bandes dessinées Emmanuel Lepage rapportera quelques échos des terres lointaines, souvent extrêmes, qu’il a traversées ; à nouveau de passage dans nos montagnes, la romancière Aliona Gloukhova partagera les élans d’un chemin littéraire à l’œuvre, porté par ce que le poète Jaccotet aurait peut-être identifié comme un « paysage avec figures absentes » ; le surgissement au plus près de ces univers sensibles nous a paru pouvoir constituer le levier d’une relecture accrue de nos paysages. Et si l’on se glissait dans la peau d’aventuriers et d’observateurs de l’ici-même ?
Autant d’arpentages qui, à l’instar de la marche, donnent dans le même mouvement une chance égale au proche et au lointain.
Emmanuel Lepage est né en 1966. Voyageur, bourlingueur, Emmanuel Lepage voyage parce que c’est un homme curieux. Curieux des autres, curieux de l’autre. Ce qui l’intéresse d’abord, ce sont les gens, les personnes, la vie. Étrange paradoxe : sa notoriété de dessinateur repose, en grande partie, sur ces grands paysages, sublimes et lyriques, qui caractérisent ses plus grands succès : Muchacho, La lune est blanche, Ar-Men…. Son regard, cependant, se porte ailleurs, sous la peau de ses personnages, vie intérieure qu’il fouille avec l’acuité, la sensibilité et le talent d’un dessinateur généreux, perpétuellement en recherche de sa vérité graphique. Travaillant sur la question des terres inhospitalières ou inhabitées, il retrace notamment ses expéditions à Tchernobyl, aux Îles Kerguelen, en Antarctique, ou plus récemment son exploration inédite du désert d’Atacama avec son complice, le dessinateur Edmond Baudoin. Il est accueilli, dans le cadre de « CAIRNS Littératures & Paysages », en résidence d’écriture pour un projet autour de la montagne.
Grand prix de la critique de bande-dessinée en 2016, il reçoit en 2018 le Grand prix du festival BD-Boum de Blois pour l’ensemble de son œuvre. En 2021, il est le premier dessinateur de bande dessiné nommé peintre officiel de la Marine par le Ministre des armées.
Aliona Gloukhova est biélorusse, elle écrit en français. Elle est née à Minsk, vit entre Paris et Pau, aime être aux plusieurs endroits en même temps ou au contraire devenir invisible. Dans son écriture, elle cherche une inclinaison, un chemin éphémère entre-deux – eaux, langues, genres.
Avant de se lancer dans l’écriture en français trébuchant elle a travaillé comme traductrice, enseignante et coordinatrice culturelle.
En 2013 elle entre en Master Création Littéraire à l’Université Paris 8, où elle travaille sur Dans l’eau je suis chez moi, un texte sur les vies potentielles d’êtres aimés. Son deuxième livre De l’autre côté de la peau est sorti en février 2020. C’est une enquête poétique, une recherche autour d’une langue en destruction, un mode d’emploi pour ralentir le temps.
Un film autour de son premier livre, Notre endroit silencieux d’Elitza Gueorguieva (Les films du Bilboquet), est sorti en avril 2021.
Elle mène également des projets textes/photos et vidéo, et propose des performances et ateliers.
Elitza Gueorguieva est écrivaine, cinéaste et performeuse. Née à Sofia, elle vit et travaille depuis vingt ans à Paris.
Elle a réalisé plusieurs court-métrages de fiction et documentaires de création, dont Chaque mur est une porte en janvier 2017 (Prix et mentions aux Cinéma du Réel en France, à Faito Doc Festival en Italie, Transcinema au Mexique etc.) et Notre endroit silencieux, en première mondiale à Vision du réel 2021 en Suisse.
Dans ses créations, elle cherche des formes atypiques et explore les liens entre le réel et le fantasque, entre le politique et l’intime, entre l’image et le texte. Son travail est traversé par une dimension à la fois burlesque et mélancolique.
En 2021, avec l’envie d’affiner l’exploration sensible du Manoir de Vaubonnais – sa réalité, son inscription dans le paysage, le faisceau ouvert de ses représentations, Scènes obliques a accueilli en résidence quatre auteurs. L’un était photographe, les trois autres écrivains de littérature.
Choisis pour la diversité attendue de leurs approches du site – patrimonial et paysager, ils ont été invités à produire une œuvre, photographique ou littéraire, librement inspirée par le Manoir et son environnement. Convoquant leur imaginaire propre, ce temps de résidences aura créé des résonances avec leur propres parcours d’auteur.e.s pour aller puiser dans les représentations locales, la fiction, l’histoire des lieux…
L’ensemble des contributions ont participé d’un enrichissement de nos regards sur le site, sa charge sensible, la puissance de ses perspectives. Les textes produits ainsi qu’une sélection des photographies ont été publiés dans un numéro dédié des « Cahiers de l’oblique » et ont fait l’objet de lectures et discussions lors d’une table ronde d’auteurs et des Rendez-vous au Manoir !