Quand les sculptures de Pauline de Chalendar rencontrent les mots d’Antoine Choplin, c’est toute une poésie qui se révèle pas à pas dans le paysage. A l’invitation de Scènes obliques – Espace culturel international de la montagne, les deux compagnons de route imaginent le surgissement de quatorze vers – fragments d’un sonnet de sa composition – en quatorze lieux du massif de Belledonne. L’occasion de marcher mais aussi de prendre le temps de vous arrêter, d’observer, de vous mettre à l’écoute pour cueillir des fragments de poésie dans les pentes. «27 paumes, un poème fragmenté» s’invente comme une proposition esthétique et ludique qui invite, au fil de déambulations parmi la diversité des paysages, à (re)découvrir autrement le massif de Belledonne.
Posée comme un geste de réconciliation, une tentative de guérison «après-coup», Aléa fait dialoguer les blessures touchant à notre intimité avec celles de la montagne qui s’abîme dans le réchauffement climatique. Nul doute que les fleurs et plantes sauvages recouvriront vite cette griffure dans la forêt, mais la silhouette et son regret resteront là. L’intense activité humaine n’est-elle pas avant tout un risque pour elle-même ?
Née en 1990, Pauline de Chalendar est artiste et travaille entre l’Isère et la Savoie. Elle considère le dessin comme le moyen le plus intuitif de comprendre et d’interpréter le monde alentour. Entre arts plastiques, travail du bois et dispositifs numériques, elle questionne les relations humaines autant que le besoin d’un retour vers la nature.
« Naissance d’une montagne s’inscrit comme un phare dans le paysage, une signalétique proche du cairn, son caractère ajouré n’arrête pas le regard à sa surface, l’espace environnant y est inclus. C’est aussi la rencontre entre le caractère immuable du minéral et celui éphémère du végétal. Deux éléments en tension, l’un enveloppant l’autre dans un filet. Quand ce tissage végétal se délitera, l’élément minéral s’écroulera, implosant de l’intérieur, dans ce ventre d’air. » Véronique MATTEUDI
Véronique Matteudi est diplômée de l’École des Beaux-Arts de Grenoble et de la Villa Arson à Nice. Elle passe toute son enfance dans le massif du Vercors. Aujourd’hui installée en région toulousaine, elle se consacre essentiellement à la sculpture depuis une vingtaine d’années et participe à de nombreux évènements liés à l’art et l’environnement. Elle crée essentiellement avec le végétal, la clématite sauvage (lianes), le minéral ou la terre. C’est par une immersion dans la réalité du paysage que la création devient pour elle vecteur de lien et de dialogue entre l’homme et la nature.
« Tenter des pratiques qui entendent prendre soin de ce qui répond ou résiste à l’aménagement corrosif de la planète ; qui consistent en l’expérience attentive de cette dernière plutôt qu’en sa consommation. À travers des gestes simples qui se superposent ou s’infiltrent dans le monde tel qu’il est, qui se cosignent avec les territoires, à travers leur lenteur et leur répétition, il est question de tendre vers une forme de présence. Présence aux autres et aux choses, attentive, responsable, engagée, agissante et collaborative, pleine. Présence sur le fil entre le monde et soi, à se chercher soi dans le monde et le monde en soi. Et travailler l’effleurement de l’un sur l’autre, en jongleur et funambule. Tenter un équilibre. »
Guillaume BARBORINI.
Guillaume Barborini est né en 1986 à Chambéry, diplômé de l’École Supérieure d’Art de Lorraine, il réside principalement à Metz où il poursuit ses recherches artistiques. Son travail s’appuie sur des gestes, fragiles et à l’échelle du corps, à travers lesquels il s’agit d’interroger et de tenter des moyens d’habiter le monde attentifs aux territoires, aux matières, aux usages. Guillaume Barborini intervient et expose régulièrement en France et développe également une partie de son travail en Asie.