Par-delà les lieux dédiés, Scènes Obliques invente et expérimente depuis 1992 les modalités d’un autre rapport liant culture et territoires. Sur cette posture d’acteur innovant, l’association pose elle-même un regard critique et réflexif en faveur d’une vision ouverte, innovante et critique de la culture, de ses circuits de mise en vie et en démocratie, de ses réseaux d’acteurs. Plusieurs événements ont préfiguré la naissance des rencontres culturelles obliques, celles-ci étant elles-mêmes protéiformes. Le fil rouge de ces espaces de rencontre et de parole : l’ouverture du champ du débat sur la culture à tou.te.s, la tentative d’entendre et de valoriser une parole libre, échangée, appropriable par tou.te.s, dans la convivialité et le mouvement.
A l’heure de l’urgence climatique, Scènes Obliques s’empare de la question de la transition en moyenne montagne et croise ainsi des espaces iconoclastes de culture en prise avec le paysage. Tentant d’ouvrir un espace de conversation libre et convivial, l’association imagine, pour la troisième fois consécutive, un temps commun en appui sur des formes de rencontre curieuses et hybrides dans lesquelles s’enchevêtrent les paroles d’habitant.es, de grands témoins, d’artistes, de chercheur.euses et du public. Un rendez-vous sur deux jours donné à l’automne, dans la station de Prapoutel Les 7 Laux.
Pour la troisième année, nous avons rendez-vous avec l’automne. Les souvenirs, les histoires s’y ramassent à la pelle… C’est le temps de prendre le temps, de se mettre à l’écoute de la mémoire qui affleure, regarder ce qui sédimente. Depuis la montagne qui est notre manière de créer oblique, nous regardons le temps qui passe, nos vies minuscules, nos peurs face aux menaces qui grondent et qui parfois ensevelissent les villages en aval des glaciers. Nous invitons l’autrice Emmanuelle Salasc à poser sa pierre sur nos Cairns qui font dialoguer littérature et paysage. Avec son roman Hors Gel, elle a fait le choix de la dystopie pour raconter le péril et les choix qu’il nous faut faire. Depuis un an, des cordées d’artistes et de chercheur·ses sont embarqués dans une recherche-action : La trilogie montagnarde. Leurs étonnements, observations, interactions redessinent les savoirs et les manières d’appréhender la montagne de demain. Elles et ils seront les compagnons de cet automne à partager avec vous. Penser comme une montagne, à sa hauteur, c’est penser les « entremêlements de ses histoires telluriques et biologiques » comme l’écrit le philosophe Olivier Remaud que nous invitons à converser avec le paysage de Belledonne. « Le territoire entier porte dans ses feuilletés les marques d’un passé de la Terre. […] Le vertige qui nous saisit n’est pas celui des hauteurs. C’est celui des temps épais qui dansent sous nos yeux.» Nous ferons danser les récits, qu’ils aient été collectés par Nuto Revelli de l’autre côté des Alpes, qu’ils nous fassent découvrir les coulisses de la station par celles et ceux qui la vivent au fil des saisons ou qu’ils soient partagés avec François Beaune lors d’un banquet aux histoires vraies imaginé dans le vide d’une station de ski. Au pied des pistes et des hors-pistes à réinventer.