Par-delà les lieux dédiés, Scènes Obliques invente et expérimente depuis 1992 les modalités d’un autre rapport liant culture et territoires. Sur cette posture d’acteur innovant, l’association pose elle-même un regard critique et réflexif en faveur d’une vision ouverte, innovante et critique de la culture, de ses circuits de mise en vie et en démocratie, de ses réseaux d’acteurs. Plusieurs événements ont préfiguré la naissance des rencontres culturelles obliques, celles-ci étant elles-mêmes protéiformes. Le fil rouge de ces espaces de rencontre et de parole : l’ouverture du champ du débat sur la culture à tou.te.s, la tentative d’entendre et de valoriser une parole libre, échangée, appropriable par tou.te.s, dans la convivialité et le mouvement.
Quand revient le vent de l’automne, alors que les suffocations et les effondrements de l’été sont encore à vif, Scènes obliques ouvre, au bord du vide et de l’inconnu, des espaces de conversations pour dire, penser et rêver les vibrations de la terre et de ses reliefs.
Cairns convie un auteur arpenteur, Antoine Choplin et une autrice jeunesse Elsa Valentin à partager les paysages qui fécondent leurs récits, leurs poèmes et le langage. À hauteur d’enfants ou d’adultes, leurs pages témoignent du tremblement du monde qui toujours nous déplace.
Scènes obliques s’empare aussi d’un lieu emblématique du changement : une station de ski désertée par les vacanciers. Abraham Poincheval, artiste qui engage son corps et l’espace dans chacune de ses œuvres-performances sera en Résidence Labo et ouvrira une fenêtre sur sa création en cours lors de la seconde édition de L’Esprit des Lieux.
Les regards se tournent vers les hauteurs que l’on croyait immuables, vers les neiges que l’on disait éternelles… Comment éprouver cet étage montagnard, découvrir son histoire, scruter le vivant et ce qui palpite en nous pour s’engager vers de nouveaux imaginaires désirables ? Penser nos futurs possibles à partir d’un lieu situé, Prapoutel – Les 7 Laux, d’un seuil entre les mondes, ouvrir des espaces de rencontres imprévues entres des artistes, des habitant.es, des chercheur.euses, des acteur.ices de la culture, fabriquer une démarche collective qui ferait la part belle à l’émotion, telle est notre boussole de l’automne. Parce que seule l’émotion peut actionner le changement.
« La danse du renouveau, celle qui a créé le monde, a toujours été dansée ici, au bord, à la limite, sur la côte embrumée. » Ursula K. Le Guin, Danser au bord du monde