Si Chloé Moglia évoque souvent la question de l’ancrage, et une manière d’être au monde « par contact, par un déploiement de soi attentif, une ouverture réceptive, pour que nos sens nourrissent quelque intelligence – s’il en est – qu’il faut arroser et choyer dans l’ombre », c’est en suspension qu’elle laisse place à la réalité qui se présente.
« Des lignes persistent à tracer le chemin que j’emprunte. Les cercles, courbures et spirales reviennent, récurrentes, car apparemment je n’en ai pas encore fini avec elles. il s’y crée des mondes. Je les observe, les arpente, et les rêve. Débarquent des invités-surprise : des mots d’Emanuele Coccia, de Val Plumwood, de Richard Feynmann et d’autres… Je laisse la suspension jouer sur cette ligne, et les dimensions se dissolvent, et les mondes se transforment. O est l’histoire d’un cercle, qui abrite d’autres cercles. O est comme le rond d’une bouche dans l’autre rond d’un visage, qui raconte une multiplicité d’histoires de cercles : Peut-être y a-t-il d’abord le O du vide. Un espace du rien, le O-zéro. Ce O vide se fait matrice et engendre une multiplicité de O : visages, Lune ou Terre pour tenter d’en faire le tour, et tourner en rond. Remonter, recommencer, observer. Le rond de la pupille de l’œil se fait incandescent. On y plonge comme un lion traverse un cercle en flammes. On se soulage avec l’eau de l’O qui coule. Et puis rien, c’est à nouveau zéro. O.» Chloé Moglia